Quelle est votre date de naissance?
Je suis né le 29/04/1962 à Colmar en Alsace. Mes parents étaient danois. Lou Reed et John Cale avaient 20 ans. Ils ne se connaissaient pas encore.
Quelle est votre formation ?
J'ai débarqué à Paris en 1982, à 20 ans. J'ai fait une école de communication, option journalisme. Très vite, j'ai été embauché par Antenne 2 puis TF1 après leur avoir envoyé une boite à chaussures dans laquelle on découvrait une mise en scène de Schtroumpfs qui défendaient ma candidature. Les CV originaux, ça ne couraient pas les rues à l'époque ! Celui-là a fait un carton. J'ai même eu le prix du meilleur CV du moment...dans Cosmopolitan !
Quel est votre parcours et votre "métier actuel" ?
Depuis, je fais des films tous formats pour toutes les chaines. J'ai été journaliste puis grand-reporter mais aujourd'hui je suis un réalisateur-intermittent du spectacle et fier de l'être. Ma banquière apprécie moins. Je n'ai pas de spécialités, ce sont les hommes et leurs histoires qui m'attirent. Certains documentaires ont été plus remarqués que d'autres. Ceux que je préfère sont La face cachée des fesses pour Arte (un très gros succès de la chaine franco-allemande, on avait même battu Michael Jackson, c'est dire...), Carnet de bal pour TF1, Les Sans- papiers de la République pour Canal Plus et Toxicomanie, une prise en charge difficile pour France 5...mais j'ai de la tendresse pour tous les autres. J'adore mon métier et ça fait plus de 30 ans que ça dure.
J'ai aussi écrit trois livres avec Caroline Pochon : La face cachée des fesses, Le culte des seins et Des pieds et des mains pour lesquels j'ai particulièrement travaillé l'iconographie. Les fesses se sont mieux vendus que les seins. Il dépasse les 100 euros sur ebay. Les pieds et les mains ont fini chez les soldeurs. Dommage...à mon avis c'était celui avec l'iconographie la plus surprenante.
Quelles sont vos influences, quelles sont vos passions ?
Depuis mon arrivée à Paname, je collectionne énormément de choses. J'ai commencé avec des magazines qui offraient les plus belles Unes et ceux qui avaient une histoire particulière (censure, originalités éditoriales et graphiques, effluves révolutionnaires...). J'ai élargi aux vinyles, flyers et posters. J'ai fait beaucoup de sujets rocks dans les années 80. Je ramenais toujours quelques disques, journaux ou documents chinés lors de mes grands-reportages. Les objets que je rassemble ont l'avantage d'être légers. Ils peuvent se mettre dans une valise ou s'envoyer par la poste. Naturellement, je me suis spécialisé sur la période des années 60 et 70 aux Etats-Unis, en Angleterre et en France. Ces décennies hyper créatives me passionnent. Durant ces années, les révolutions, les luttes pour les droits civiques des minorités, les mouvements féministes, le sexe la drogue et le rock'n roll ont offert à la presse leurs plus belles Covers, surtout dans la presse underground. Ma collection commence vraiment à avoir de la gueule. Un beau trésor à transmettre aux générations futures attirées par la liberté et le graphisme.
Poster 1967, collection Allan Rothschild
Votre actualité ?
Cette passion, outre les émotions qu'elle me procure, commence à porter ses fruits. Depuis la fin mars 2016 et jusqu'au mois d'août, une partie de ma collection est exposée à la Philarmonie de Paris à l'occasion de l'exposition sur le Velvet Underground. Ce groupe concentre tout ce que j'aime : la musique, une histoire sulfureuse, les arts et des objets rares. Depuis plusieurs années, je conseille les commissaires. J'ai également réalisé deux films graphiques spécialement pour cette exposition. Un film consacré à la jeunesse et à la rencontre de John Cale et de Lou Reed et un sur « l’album à la banane », qui mêlent récits graphiques, archives et témoignages.
Pour finir, 2016 pour moi c'est l'année de l'Underground...je tourne actuellement un documentaire sur les souterrains de Paris et les originaux qui les fréquentent. Là encore, c'est tout ce que j'aime.
Plan Café Bizarre Low East Side 1965, Collection Allan Rothschild
Photographie issue de International times magazine, volume 1 juin 1967, collection Allan Rothschild
Pouvez-vous nous expliquer l'histoire de votre flyer The Velvet Underground daté de 1967, dont la reproduction sur tirage pigmentaire est dans le coffret Wombat N°22 ?
En 2009, je faisais en reportage à Chicago sur les jeunes années étudiantes de Barack Obama. J'étais allé interviewer son coiffeur devenu célèbre avec l'élection de son client prestigieux. En face de son salon, il y avait une minuscule librairie avec en vitrine des bouquins et des posters jaunis.J'y suis évidemment allé. En entrant, j'ai trébuché sur une petite caisse des flyers de concerts. J'y ai découvert ce merveilleux petit bout de papier annonçant la venue du Velvet Underground au Tea Party de Boston, Massachussets, pour un happening prévu les 11 et 12 août 1967. Ils étaient accompagnés sur scène de toute la bande de la Factory. Andy Warhol a tourné cette performance. En 2014, le Warhol Museum de Pittsburgh s'est enfin décidé à développer des bobines oubliées étiquetées Boston Tea Party. Des images ont un temps circulé sur youtube. On y voyait des zooms incessants...on reconnaissait la patte d'Andy...il était très mauvais à la caméra ! Moi j'ai acheté le flyer 10 dollars.
Merci Barack Obama.