Plus qu’une rétrospective, l’exposition The Political Line jette un regard particulier sur l’oeuvre de Keith Haring en proposant de décrypter la dimension politique du travail de l’artiste américain. Ainsi, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris renoue habilement avec la profondeur d’une œuvre parfois galvaudée.
Construit de manière thématique, le parcours nous invite à découvrir les différents aspects de la révolte de Keith Haring. De ses premières peintures sur bâches dénonçant la toute-puissance de l’Etat face à l’individu, à ses prises de position contre le racisme ou le nucléaire, il se fait le défenseur de nombreuses causes symptomatiques de son époque. Icône pop et ami des stars, il s’insurge paradoxalement dans ses toiles contre les travers du capitalisme, et les dérives des médias de masse. Inspiré par les cultures alternatives des années 80, et notamment par le street art, il investit l’espace public, notamment les rues et le métro de New York, dans un souci de s’adresser au plus grand nombre. Ses graffitis reprennent les motifs récurrents de son iconographie, principalement composée de figures stylisées, telles que le « Barking Dog » ou le « Radiant Baby ». Ces pictogrammes sont devenus les symboles d’une certaine culture pop, rejoignant ainsi la vision de Keith Haring d’un art pour tous. Sa dernière bataille sera celle menée contre le Sida et les préjugés qui l’entourent, qui l’emportera finalement le 16 février 1990.
Au-delà de l’ensemble impressionnant d’œuvres réuni par le MAM, l’exposition prend pleinement la mesure de l’engagement politique de Keith Haring et donne à voir la transition opérée pendant la décennie 80, où l’insouciance laisse place à la prise de conscience.
Keith Haring – The Political Line, jusqu’au 18 août au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, 75116 Paris / métros : Iéna ou Alma-Marceau
Texte : Quitterie Vallet